TCHAD - Actualité (1990-1996)

TCHAD - Actualité (1990-1996)
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République du Tchad

Politique intérieure

Le 10 novembre 1990, des rebelles du Mouvement patriotique du salut, que dirige Idriss Déby, ancien chef d’état-major de l’armée entré en dissidence en 1989, lancent une offensive dans la région de Tiné, près de la frontière soudanaise. Le 16, des soldats français qui participent au dispositif Épervier mis en place en 1986 sont envoyés à Abéché, principale ville de l’est du pays. Le 28, la France, qui refuse de s’immiscer dans un conflit intérieur tchadien, envoie une compagnie de parachutistes pour assurer la sécurité des résidents français. Le 29, les forces d’Idriss Déby s’emparent sans combat d’Abéché. Les soldats français n’interviennent pas. Le 1er décembre, le président Hissène Habré, au pouvoir depuis juin 1982, quitte N’Djamena pendant que la France entreprend d’évacuer ses ressortissants. Le 2, Idriss Déby entre dans la capitale. Au cours d’une conférence de presse, il affirme que la mission des troupes françaises peut continuer, se prononce en faveur d’une démocratie pluraliste et ne veut pas apparaître comme l’homme de Tripoli, même si la Libye a armé ses troupes. Le 3, il annonce la suspension de la Constitution et la dissolution de l’Assemblée nationale. Il se fait nommer le 4, par son parti, chef de l’État et du gouvernement. Le 5, la découverte à N’Djamena de charniers et d’un centre de détention et de torture appelé la «piscine» témoigne de manière accablante des pratiques de l’ancien régime.

Le 28 février 1991, une Charte nationale est adoptée, pour une durée de 30 mois. L’entrée en vigueur du multipartisme est prévue pour janvier 1992. Le 4 mars, le président Idriss Déby nomme Jean Alingue Bawoyeu Premier ministre.

Le 13 octobre, 28 personnes trouvent la mort dans une tentative de coup d’État.

Le 1er janvier 1992, des partisans d’Hissène Habré occupent des localités de la région frontalière du lac Tchad. Le 3, l’armée tchadienne affirme avoir défait les forces rebelles. Le 24, le gouvernement annonce la libération de tous les détenus impliqués dans la tentative de coup d’État du 13 octobre 1991 et dans l’offensive du lac Tchad.

Le 4 août 1993, un commando massacre quelque 130 personnes dans la région du Ouaddaï. Cette action meurtrière s’ajoute aux affrontements réguliers entre factions rivales qui témoignent de l’échec de la Conférence nationale, qui s’est tenue de janvier à avril. Le 8, à N’Djamena, les forces de l’ordre ouvrent le feu sur des manifestants originaires du Ouaddaï (au moins 70 morts). Le 15, le gouvernement et le chef rebelle Abbas Koti (chef des Zagawa qui avaient aidé Idriss Déby à prendre le pouvoir), ministre de la Défense avant d’entrer en dissidence et de s’exiler en juin 1992, signent un accord de paix à Tripoli.

Le 22 octobre, Abbas Koti, revenu à N’Djamena en août, est tué lors de son arrestation. L’opposition parle d’assassinat politique.

Le 28 octobre, le Conseil supérieur de transition (C.S.T.) renverse le gouvernement dirigé par Fidel Moungar, nommé par la Conférence nationale en avril, qui disputait le pouvoir au chef de l’État.

En avril 1994, le C.S.T. décide de prolonger d’un an la période transitoire.

En octobre, le président Déby fait écarter de la direction du C.S.T. Lol Mahamat Choua dont les ambitions présidentielles sont connues.

Le 30 mars 1995, la période transitoire est de nouveau prolongée d’un an.

Le 10 avril, le deuxième Premier ministre de la transition, Delwa Kassire Koumakoye, qui souhaite se présenter à l’élection présidentielle, est contraint de démissionner. Le C.S.T. a en effet adopté une mesure interdisant au chef du gouvernement d’être présidentiable. Il est remplacé par Djimasta Koibla.

Le 10 septembre, l’incarcération temporaire d’un des principaux opposants au régime, Saleh Kebzaboh, illustre les limites de la démocratisation du pouvoir.

Le 31 mars 1996, la nouvelle Constitution qui instaure un régime semi-présidentiel est adoptée par référendum (61,46 p. 100 de oui)

Le 3 juillet, avec 69,09 p. 100 des voix, le président sortant Idriss Déby remporte le second tour de la première élection présidentielle au suffrage universel organisée dans le pays. Il était opposé à Wadal Abdelkader Kamougue. Originaire du Nord, le président Déby étend à cette occasion son audience vers le Sud en obtenant le ralliement inattendu d’un candidat sudiste du premier tour, Saleh Kebzaboh. Les adversaires du président Déby dénoncent les fraudes intervenues au cours du scrutin organisé par les militaires français de l’opération «Épervier».

Vie économique

L’année 1990 est marquée par des fléaux agricoles: la sécheresse et la multiplication de prédateurs affectent sérieusement les récoltes de maïs et de millet, qui constituent la base de l’alimentation de la population.

Les exportations de coton, qui jouent un rôle primordial dans l’économie tchadienne, bénéficient d’une remontée inattendue des cours sur le marché mondial.

Le 11 janvier 1994, sous la pression de la France et du F.M.I., les dirigeants des 14 États africains appartenant à la zone franc, dont le Tchad, réunis à Dakar, annoncent la dévaluation de 50 p. 100 du franc CFA et de 33,3 p. 100 du franc comorien. Destinée à assainir l’économie et à relancer la croissance dans ces pays, cette décision a été rendue nécessaire par l’absence de politique d’ajustement interne de leur part après l’effondrement des cours des matières premières. Paris promet de participer à l’allègement de la dette, au financement des programmes conclus avec le F.M.I. et à l’«accompagnement de l’ajustement» dans les pays de la zone.

En 1995, le F.M.I. constate l’amélioration des résultats économiques et financiers du pays et autorise une série de prêts dans le cadre d’un programme d’ajustement structurel renforcé. La perspective de l’exploitation des gisements pétroliers du bassin de Doba, dans le sud du pays, laisse présager une modification radicale des structures de l’économie tchadienne dans les années à venir.

L’année 1996 est marquée par l’achèvement du processus de démocratisation qui doit permettre de stabiliser la vie politique du pays et favoriser ainsi la restructuration d’une économie entièrement liée à la guerre depuis plusieurs dizaines d’années. La future manne pétrolière ménage des perspectives encourageantes.

Relations internationales

Le 3 février 1994, la Cour internationale de justice rétablit la souveraineté du Tchad sur la bande d’Aouzou. Le 4 avril, un accord signé entre N’Djamena et Tripoli prévoit que le retrait libyen devra être achevé le 30 mai.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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